DH : Plus les cahiers de doléances dont Engels extrait des chiffres. Et tout ça, la partie française, se termine par une inscription « Les paysans se révolteront », en partie masquée par un poteau. Quand le film en 1981 était fini, on nous a dit que c’était impossible une révolte de paysans. Et maintenant on voit ce qui se passe.
C’est le contraire des films qui suivent la mode…
JMS : Même de bonne foi ! A ce moment-là j’aime mieux Un Film comme les autres que certains films du groupe qui s’était intitulé Dziga-Vertov. Ce cher Jeannot ne serait certainement pas d’accord car il a plutôt envie d’occulter ce film, mais enfin, c’est mon avis.
Là il y a un individu qui s’est fait modeste à un certain moment bien précis et qui s’est contenté de radiographier quelque chose sans interposer de grilles. Il était vraiment dans le moment et dans la mode mais il fonctionnait sans apporter de l’eau au moulin de la mode.
Je crois que j’ai découvert Chronik der Anna Magdalena Bach à Locarno en 1968, en août, où Buache l’avait choisi à côté de films militants issus de mai, ce qui offrait un certain contraste, et je me rappelle que Jean-Luc nous disait avoir des difficultés avec ce film par rapport à l’Allemagne, ce qui vient après Bach, le nazisme, etc.
JMS : C’est qu’il avait de la peine à voir un objet marxien. Je ne prétends pas marxiste mais marxien, parce que la démarche intellectuelle de ce film, on l’a découvert bien après, c’est vraiment la démarche du jeune Marx. Donc, par hasard, le film est marxien. Mais à nous il ne nous avait pas dit ça. Il m’avait dit : « Il faut quand même que je te parle de ton film ». Et il a dit…
DH : « Alors voilà : la première partie, je me suis dit “Non ! ça ne va pas du tout” … La deuxième, je me suis dit “Oui ! c’est ça qu’il faut faire” et la troisième je me suis dit à nouveau que “ça n’allait pas” »…
JMS : Ça voulait dire : tu aurais dû rajouter un commentaire, en mettre moins ou en mettre plus, et un commentaire qui commentait politiquement la situation. Au début il s’est dit : « T’aurais dû le faire », ensuite, au deuxième tiers : « Non, non, il a raison de ne pas faire ce que j’aurais fait » et au troisième tiers : « Non ! non ! c’est quand même moi qui ai raison… »