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Benoît Turquety

Cité dans Cézanne. Dialogue avec Joachim Gasquet, film de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, 1989 :

 

« Cézanne : Mais si j’ai la moindre distraction, la moindre défaillance, surtout si j’interprète trop un jour, si une théorie m’emporte qui contredit celle de la veille, si je pense en peignant, si j’interviens, patatras ! tout fout le camp.

Gasquet : Comment, si vous intervenez ?

Cézanne : L’artiste n’est qu’un réceptacle de sensations, un cerveau, un appareil enregistreur. S’il intervient, s’il ose, lui, chétif, se mêler volontairement à ce qu’il doit traduire, il y infiltre sa petitesse. L’œuvre est inférieure.16 »

 

(Rilke, 1907 : « C’est cette objectivité sans limites, excluant toute fusion avec une unité étrangère à celle du tableau, qui rend les portraits de Cézanne si cocasses ou si choquants aux yeux des gens. […] ici la stupeur opaque de l’hébétude fait place à une attention animale qui entretient dans le regard qu’aucun cillement n’interrompt une vigilance objective et patiente. Et la grandeur, l’incorruptibilité de ce regard impartial est confirmée de façon presque touchante par le fait qu’il s’est représenté lui-même, sans le moins du monde interpréter ou juger son expression, avec une humble objectivité, avec la foi et la curiosité impartiale d’un chien qui se voit dans une glace et se dit : Tiens, un autre chien !17 »)

 

 

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S’il y a une posture commune, à Danièle Huillet et Jean-Marie Straub comme cinéastes et aux objectivistes comme poètes, il faut qu’elle s’incarne en des techniques, il faut pouvoir rendre compte de similitudes là, par-delà la différence des arts. Quelques-unes.

 

Les objectivistes tous usent massivement de la citation : Testimony et ailleurs chez Reznikoff, souterrainement la poésie entière d’Oppen, poèmes et essais de Zukofsky depuis le début et jusqu’à la toute fin, etc.