d'Othon, et il a été adopté par Jules César dont il est question dans Leçons d'Histoire. Dans une seule scène, Rocha rejoint ainsi les deux premiers films romains des Straub34. Le recours dans son monologue au motif de la décadence de l'Empire romain pour affronter la décadence du capitalisme contemporain semble venir aussi des deux films des Straub, ainsi que le rapport instauré entre le passé qu'on revisite et les interrogations du présent. Chacun des trois films des Straub confrontait par sa mise en scène le présent au passé - par la coexistence dans Othon entre la scène antique jouée d'après Corneille et l'arrière fond de la ville contemporaine, par l'alternance dans Leçons d'Histoire du trajet en voiture du jeune homme dans la Rome d'aujourd'hui et de ses visites aux anciens témoins romains des affaires de Jules César, et par l'actualisation dans l'Introduction à la 'musique' ... , par l'image et le son, des documents de la guerre entre les hommes tissant l'histoire (photo des communards de Paris massacrés, textes de Schoenberg et Brecht autour de l'ascension du nazisme, images en mouvements d’un bombardement de champs Vietnamiens par des B-52 américains). A sa façon, Rocha essaye aussi d'instaurer ce rapport, en organisant des happenings barbares dans les ruines visités par des touristes, en alternant des scènes de rue dans des endroits et des situations publiques lourds de sens avec des scènes de fiction à la mise en scène grotesque, en juxtaposant des pages de la presse et des scènes liées à la guerre du Vietnam au flux des images et des sons qui ne la concernaient pas directement, en remplaçant par Juliet Berto à pied le personnage du jeune homme en voiture des Leçons d’Histoire35. Si Jacques Rancière a pu parler de « voyages au pays du peuple » à propos des scènes de cet homme parcourant en voiture des quartiers modestes de Rome36, le voyage va plus loin dans la visite fracassante des piétons Rocha et Berto à un bidonville romain, una borgata digne de Pasolini, pour parler directement à ses habitants pauvres et déconcertés.
Enfin, aux plans décontractés de Straub et Danièle Huillet dans leur appartement romain invoquant Schoenberg et Brecht (lui fumant sur la terrasse, elle câlinant leur chat sur le canapé), répondent les plans décontractés, mais plus proches du vécu, de Rocha et Juliet Berto dans des appartements romains (fumant, parlant, parfois dansant, écoutant de la musique, recevant des amis etc). Le film de Rocha accentue la dimension existentielle de ses apparitions avec Berto, à la différence de celles de Straub et Huillet, qui ancraient dans leur espace domestique une discussion historique assez circonstanciée sur Schoenberg et Brecht face à l'ascension du nazisme.